Le CA fête les 99 ans de son existence au milieu d’une crise sans précédent : une crise financière, de gestion et un avenir immédiat des plus incertains. Tout cela, aussi important soit-il, ne doit pas peser sur la vie et sur les moments-clefs, dont l’anniversaire. Un club qui aborde son centenaire, un club aussi populaire (et paradoxalement, il attire une jeunesse qui n’a pas assisté à sa période de gloire et qui n’a pas savouré beaucoup de titres) et qui résiste tant bien que mal à tous les aléas, voilà ce CA qui représente un monument national. Non seulement sportif, le CA est un monument culturel (au départ, c’était une association culturelle en présence d’éminents hommes de lettres et de culture), social (il attire des supporteurs de différents profils et de différentes catégories sociales) et sportif bien évidemment. Quand les clubs-monuments vont bien, le sport va bien aussi. Le CA joue même un rôle régulateur dans la société pour ne pas dire qu’il joue un rôle politique. Les grands clubs populaires peuvent influencer certains choix politiques, ils peuvent intervenir pour imposer une paix sociale étant donné qu’ils peuvent être considérés comme de grands partis politiques (nombre de sympathisants). Le CA ne passe pas par une période glorieuse, il hérite d’une longue accumulation de maladresses et de guerres fratricides. Mais cela dit, sa place reste toujours rayonnante. Il doit être sauvé par ses enfants, ses forces vives et ne pas rester à la merci d’autres parties.
Avec cet extraordinaire potentiel de visibilité et une grande popularité, le CA est une véritable institution qui étaye le sport tunisien. Et comme les grands et populaires clubs qui passent toujours par des hauts et des bas et obéissent à la théorie des cycles, on peut s’attendre au réveil du phœnix. Ce n’est pas une insurmontable situation, il suffit juste de s’y pencher attentivement pour gérer un immédiat effrayant, mais un avenir qui promet si l’on se mobilise.
Au-delà de tous les ennuis, le CA restera aussi grand que son prestige et son histoire. Son influence culturelle et son poids demeurent intacts et indiscutables. Ce qui rassure un peu, c’est que le potentiel qu’il a est impressionnant, et que le CA attire toujours un public de sympathisants avec une forte image qui intéresse les sponsors.
Les grands clubs ne meurent jamais comme on le dit. Ils freinent leur élan, ils vont mal, mais guérissent. A 99 ans, le CA peut être optimiste malgré tout. Le nom, la «marque», est tellement célèbre et riche que tout peut être résolu. Il suffit de bien s’organiser. Le passé glorieux peut éclairer le présent.
